Doctrine sociale de l'Eglise : Parution de l'encyclique CARITAS IN VERITATE (I)

Publié le par Le P'tit Démocrate de Chambéry

24 heures avant l'ouverture, a Aquila, du G8 qui déteint en G20 ou plus, et qui se veut décider des grandes orientations pour les peuples du monde, le Vatican, a publié l'encyclique sociale de Benoit XVI, qui était attendue depuis deux ans.  



CARTITAS IN VERITATE .

Charité (amour) dans la Vérité (de l'église) 

En six chapitres, le pape y énumère les grands défis pour l'humanité et rappelle le volet social de l’enseignement catholique.

Le P'tit démocrate se lance, dans deux articles pour vous présenter les grandes lignes synthétique de cette dimension sociale pas assez connue et présentée.

La doctrine sociale dans son ensemble a posé depuis plus d'un siècle une mise en garde et une critique du développement du capitalisme.

Bien au de là certes, des considérations de changements réels et pour les individus ou pour les peuples, reconnaissons que se trouve dans le corpus de cette doctrine des articles et des textes, qui portent la reconnaissance et la dénonciation d'une exploitation des individus et des ressources de la planète par un système économique, ceci venant d'une autorité morale peut soupçonnable “d'idéologie communisante“.

En effet, il semble bien que depuis 20 ans, la faillite et l'effondrement des pays de systèmes “communistes“, ne permettent plus que l'on puisse produire une quelconque critique du système productiviste et capitaliste, sans être relégué dans un statut caricatural de “pestiféré rouge“.

Le système capitaliste a réussi le tour de force de se faire passer pour un état de nature.

Aujourd'hui par exemple; en Chine, se développe particulièrement un modèle inédit et “exemplaire“: la production, la croissance, la consommation  de biens et de services d'abondance (pas pour tous mais pour un nombre de plus de 300 millions de personnes, chiffre jamais encore atteint en si peu de temps), mais .......sans la liberté ni de penser ni de parole.
Situation idéale et inespérée 
 pour l'idéologie capitaliste, productiviste, consummériste.

C'est dans ce contexte que lire ou relire les encycliques sociales de l'église, quelque soit nos croyances, constitue un acte salutaire de pluralité et de diversité intellectuelle, et donc d'espérance.

Dans sa description et sa dénonciation des méfaits du système productiviste et capitaliste, les articles progressistes de la doctrine sociale de l'église, s'imposent intellectuellement comme un des piliers sur lequel nous devons appuyer notre réflexion et nos convictions pour convaincre un plus grand nombre qu'un changement progressif mais radical de voie de développement respectant la personne humaine est inévitable.

Craignons toutefois que cette encyclique soit mal perçu ou mal reçu, compte tenu du fait, que Caritas in Veritate, affirme fortement, pour la première fois (nous parlons sous l'autorité des spécialistes), que cette vision et les actions sociales qui en découlent doivent se dérouler dans le cadre du dogme catholique, et sous couvert de cette VÉRITÉ qui doit se faire connaître, se faire savoir et se revendiquer de cette église.

Principe marketing de base pour la marque catholique : dommage ! 

La doctrine sociale de l'Eglise catholique n'est pas le panacée, elle est largement critiquable sur bien des points (ex: Caritas in Veritas art 28 respect de la vie), mais elle est bien là présente avec ces aspects progressistes: Prenons en connaissance !


Les différentes encycliques composant le Doctrine sociale de l'Eglise :

1891 « rerum novarum » encyclique  Leon XIII
Fait rentrer l'église dans le monde moderne, influencera nombres de générations de militants  sociaux et syndicalistes fondera la troisième voie entre capitalisme et socialisme.
Edicte entre autre le principe

de subsidiarité 

1931  "Quadragesimo Anno"  encyclique de Pie XI

La lutte des classes, quand on s'abstient d'actes de violence et de haine réciproque, se transforme peu à peu en une honnête discussion, fondée sur la recherche de la justice » . 

1963  Pacem in Terris      encyclique de Jean XXIII

1967 Populorum progressio encyclique Paul VI
Le père LJ LEBRET, fondateur Economie et Humaniste, en ait l'inspirateur
et un des rédacteurs. 

1981 Laborem exercens encyclique Jean Paul II

Reconnait clairement le rôle positif du conflit quand il prend l'aspect d'une « lutte pour la justice sociale »  

1987 Sollicitudo rein socialis            encyclique Jean Paul II   commémoration de Populorum progressio

1991  Centesimus annus encyclique Jean Paul IIA
Avertissement au capitalisme pour dire que l’échec du communisme ne doit pas l’autoriser à faire n’importe quoi.

2009 Caritas in veritates                 encyclique Benoit XVI 




Caritas in veritates   

texte intégral et synthèse 

Extraits 

6. « Caritas in veritate est un principe sur lequel se fonde la doctrine sociale de l’Église, un principe qui prend une forme opératoire par des critères d’orientation de l’action morale. Je désire en rappeler deux de manière particulière; ils sont dictés principalement par l’engagement en faveur du développement dans une société en voie de mondialisation: la justice et le bien commun.

L’amour dans la vérité – caritas in veritate – est un grand défi pour l’Église dans un monde sur la voie d’une mondialisation progressive et généralisée.

Le risque de notre époque réside dans le fait qu’à l’interdépendance déjà réelle entre les hommes et les peuples, ne corresponde pas l’interaction éthique des consciences et des intelligences dont le fruit devrait être l’émergence d’un développement vraiment humain.


 Le développement humain aujourd'hui (Chapitre II)


24 -A partir d’un rôle mieux ajusté des pouvoirs publics, on peut espérer que se renforceront les nouvelles formes de participation à la politique nationale et internationale qui voient le jour à travers l’action des organisations opérant dans la société civile. En ce sens, il est souhaitable que grandissent de la part des citoyens une attention et une participation plus larges à la res publica.

25-Du point de vue social, les systèmes de protection et de prévoyance qui existaient déjà dans de nombreux pays à l’époque de Paul VI, peinent et pourraient avoir plus de mal encore à l’avenir à poursuivre leurs objectifs de vraie justice sociale dans un cadre économique profondément modifié.
Le marché a encouragé des formes nouvelles de compétition entre les États dans le but d’attirer les centres de production des entreprises étrangères, à travers divers moyens, au nombre desquels une fiscalité avantageuse et la dérégulation du monde du travail. Ces processus ont entraîné l’affaiblissement des réseaux de protection sociale en contrepartie de la recherche de plus grands avantages de compétitivité sur le marché mondial, faisant peser de graves menaces sur les droits des travailleurs, sur les droits fondamentaux de l’homme et sur la solidarité mise en œuvre par les formes traditionnelles de l’État social. 

Là, les politiques d’équilibre budgétaire,
avec des coupes dans les dépenses sociales souvent recommandées par les Institutions financières internationales, peuvent laisser les citoyens désarmés face aux risques nouveaux et anciens. Une telle impuissance est accentuée par le manque de protection efficace de la part des associations de travailleurs.L’ensemble des changements sociaux et économiques font que les organisations syndicales éprouvent de plus grandes difficultés à remplir leur rôle de représentation des intérêts des travailleurs, encore accentuées par le fait que les gouvernements, pour des raisons d’utilité économique, posent souvent des limites à la liberté syndicale ou à la capacité de négociation des syndicats eux-mêmes.  

L’invitation de la doctrine sociale de l’Église, formulée dès Rerum novarum, à susciter des
associations de travailleurs pour la défense de leurs droits, est donc aujourd’hui plus pertinente encore qu’hier, ceci afin de donner avant tout une réponse immédiate et clairvoyante à l’urgence d’instaurer de nouvelles synergies au plan international comme au plan local.

La mobilité du travail, liée à la déréglementation généralisée, a été un phénomène important, qui comportait des aspects positifs par sa capacité à stimuler la création de nouvelles richesses et l’échange entre différentes cultures. Toutefois, quand l’incertitude sur les conditions de travail, en raison des processus de mobilité et de déréglementation, devient endémique, surgissent alors des formes d’instabilité psychologique, des difficultés à construire un parcours personnel cohérent dans l’existence, y compris à l’égard du mariage.

Cela a pour conséquence l’apparition 
de situations humaines dégradantes, sans parler du gaspillage social. Si l’on compare avec ce qui se passait dans la société industrielle du passé, le chômage entraîne aujourd’hui des aspects nouveaux de non sens économique et la crise actuelle ne peut qu’aggraver une telle situation. La mise à l’écart du travail pendant une longue période, tout comme la dépendance prolongée vis-à-vis de l’assistance publique ou privée, minent la liberté et la créativité de la personne ainsi que ses rapports familiaux et sociaux avec de fortes souffrances sur le plan psychologique et spirituel.

Je voudrais rappeler à tous, et surtout aux gouvernants engagés à donner un nouveau profil aux bases économiques et sociales du monde, que l’homme, la personne, dans son intégrité, est le premier capital à sauvegarder et à valoriser: «en effet, c’est l’homme qui est l’auteur, le centre et la fin de toute la vie économico-sociale


....suite demain


 

Publié dans Religions

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P
Très intéressant!<br /> <br /> Que pensez vous de cette analyse de l'encyclique;<br /> <br /> http://www.unmondelibre.org/node/691 ?
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