le 17 octobre 1961 quand le gouvernement de Michel Debré massacrait la communauté algérienne en plein Paris:

Publié le par Le P'tit Démocrate de Chambéry



"Travailler contre l’oubli, c’est aussi faire vivre la dignité. "
Samia Messaoudi 

























“Ce que j'ai à dire sur ce sujet sinistre, je le dirai (29/10/1961)... je me sens recru et saoulé d'une telle horreur...les policiers sont devenus les combattants d'une lutte sournoise et sans merci, car c'est d'une guerre raciale qu'il s'agit. Et voici  la conséquence: l'Etat, lui, est devenu dépendant de sa police...de son armée... l'esprit de corps est la source de tout notre malheur " (3/11/1961) François Mauriac le nouveau Bloc notes 1961-1964 


















La manifestation interdite sera réprimée comme jamais n'en avait connu la Capitale, depuis la Commune de Paris .

Le gouvernement par le biais de sa police et de brigade spécialement constitué de Harkis, exerçait une véritable terreur depuis de long mois dans Paris, sur des travailleurs algériens (Tortures, disparition, pendaison dans les bois de Vincennes et de Boulogne etc.....).
Sur l'année 1961, une vingtaine de policiers français avaient péri des suites d'attentats du FLN. De 1961 à 1962 + 400 attentats de l'OAS allaient être perpétrés en région parisienne.

Mais le 17 octobre 1961 (et les jours qui suivirent) à Paris, un grand massacre à été perpétré sous le commandement du Préfet de Police,
 Maurice PAPON. Le gouvernement utilisant,  le savoir faire de ce grand commis de l'Etat, expert en crimes contre l'humanité, encore une fois contre des populations étrangères et “sémites“, qui deviendra par la grâce de la méritocratie républicaine, secrétaire d'Etat sous la présidence de Valery Giscard D'estaing. 




Ce 17 octobre 1961 il pleuvait. Tous ces hommes, ces femmes et ces enfants, qui vivaient dans des bidonvilles autour de la capitale ou entassé dans une pièce à quatre ou cinq, sans aucun droit à la citoyenneté, étaient nombreux à manifester. Ils avaient mis leurs plus beaux habits, car leurs intentions étaient pacifiques


 Ce jour là:
 
-Devant le Cinéma le REX, des policiers français abattaient de sang froid avec leurs armes des manifestants.Puis traînant par le col leurs cadavres, les jetaient les uns sur les autres, constituant un amas de cadavre devant le 5 Bd Bonne Nouvelle.

-Sur les Ponts de Neuilly, de Bezons, de Clichy, les policiers français et des brigades constitués de Harkis barraient la route des manifestants qui voulaient approcher le centre de Paris. Au pistolet, au fusil, à la mitrailleuse, les policiers français on tirés sur la foule qui ne cessait pourtant d'avancer.

-Sur ces mêmes ponts et sur celui de St Michel, les policiers français, ont jetés à la Seine des algériens morts, bléssés ou non.

-Dans la cour de la Préfecture de Police au Palais des sports,(le concert de Ray Charles fut annulé) dans le Stade de Coubertin, comme dans d'autres lieu de rétention, des algériens ont été achevés, par coup de matraque ou par balles.
 
 -Raflés, frappés, piétinés, écrasés, étouffés, les manifestants algériens furent entassés,  dans les bus, exposés aux parisiens.


Témoignages :

Samedi 16 octobre 2004 était organisé une conférence débat à Sarcelles où ces témoignages ont été receuilli.

"au palais des sports j'ai reçu un coup de crosse dans le ventre. On a commencé à crier. On a voulu casser les chaises et tout. Un policier est venu me voir avec un oeil dans la main. C'était celui de mon cousin.Il m'a dit que c'était ce qui risquait de m'arriver".Mohand Benabdelaziz

“J'avais 14 ans, j'y suis allé avec mon père et mon grand père. On était au deuxième rang.Une mitraillette a commencé à tirer...on a couru jusqu'à la gare de la Garenne-Colombes“
Max Benaïssa

“j'étais à la République, les mitraillettes ont commencé à tirer; Les gens tombaient. Des français rigolaient à la fenêtre. Les policiers attrapaient les blessés par les bras et les jambes et les jetaient comme des ordures dans les camions“ Ferroudja Djoudi

“Quand je tente de me souvenir, je n'entends qu'un seul bruit: le choc des bâtons des policiers sur les crânes de gens désarmés. Ils frappaient comme des bûcherons“ François Maspéro.

En 1961, une écrasante majorité des policiers parisiens étaient les mêmes que ceux qui sévissaient dans Paris pendant l'occupation.

Bilan officiel de l'époque entre 2 et 7 morts:
On estime entre 200 et 300 morts et plus ce jour là et dans les jours qui ont suivit et plus de 3000 bléssés.

Les archives seront ouvertes en 2021, si elles n'ont pas disparues ou brûlées déjà. Les deux Conservateurs des archives, qui sont venus témoigner lors du procés que M.PAPON avait entrepris contre l'Historien EINAUDI, et qu'il a perdu, ont été mis au placard depuis leurs témoignages jusqu'à leurs départ en retraite.

Roger CHAIX, ancien chef de service de coordination des affaires algériennes déclarait en 1998 "on ne pouvait pas tolérer qu'ils aillent manifester sous les fenêtres du Général de Gaulle, c'était pas pensable“ Justification de 200 à 300 morts ?

Un jeune journaliste de radio, faisant son premier reportage en direct ce jour là pour l'ORTF, déclarait sur place (de mémoire, il était sur un pont) “que la manifestation se dispersait sans aucun incident “ et qu'il ne voyait rien d'anormal. Il s'appellait Jean Pierre Elkabach, il commençait admirablement son “métier de journaliste“

Dans les semaines qui suivirent France-Observateur, Le monde, l'humanité, Vérité -Liberté, Témoignage Chrétien, publient en dépit de la censure, photos et témoignages
 Le livre de Paulette Péju
Ratonnades à Paris est saisi, le film de Jacques Panigel Octobre à Paris est interdit.

La gauche française fit longtemps écran au surgissement de la mémoire (lien de confiance rompu entre la SFIO et le FLN depuis1957), le silence allait emplir tout l'espace.


Aujourd'hui, du côté des cités où ont grandi les jeunes français d'origine algérienne, leurs parents et leurs grands parents, ont pour certains transmis les témoignages. Tant que cette histoire n'aura pas aboutit, du côté du gouvernement et de la société, vers une reconnaissance et une prise en charge du dossier, un grand fossé existera toujours entre ces jeunes et la police, entre ces jeunes et la république, d'autant qu'un traitement spécifique et ségrégatif est toujours  appliqué sur ces populations.

Aucune autre catégorie de la population française n'a été traité de la sorte depuis le Gouvernement de Vichy. Si les causes en sont multiples et variés, remarquons, que les enfants issus de l'immigration, meurt encore beaucoup trop souvent chaque année, soit dans confrontations avec la Police, soit dans des "rodéos“, soit victimes de crimes racistes.

Depuis 50 ans combien de morts issus de cette catégorie de la population ? Est- ce normal ? Jusqu'à quand allons accepter cet état de fait ?

Pour le 17 octobre 1961: Commençons par une reconnaissance officielle et une commémoration de cette date chaque année.


A ce jour, aucune personnalité politique, fonctionnaire,Officiers, policiers, n'ont été inquiétés, aucune poursuite....aucune justice...Circulez il n'y a rien à voir.
Cela a t-il même existé.....ne sommes nous pas en train de fabuler ?

Olivier BERARDI
Directeur de Publication



Programme de la journée du 17 octobre 2009 dans le Rhône

Lyon, le samedi 17 Octobre 2009 - 11h00 – au Pont de la Guillotière – Lyon 2ème (entre Bellcour et la place du pont) 
 Une commémoration citoyenne, à l’initiative de la LDH et plusieurs autres associations, à l’occasion une gerbe de fleur sera lâchée dans le Rhône, avec des prises de parole des associations présentes.
  Givors, le samedi 17 octobre 2009 – 15 h 00 - devant le square du 17 octobre (face à l’espace nautique)
Organisée par l’association Algérienne, aura lieu une commémoration citoyenne avec dépôt de gerbe de fleur et prises de parole.
Saint-Fons, le samedi 17 octobre – 18 h 00 - au monument aux morts avenue Diderot (en face de la gare). Le collectif Pour la mémoire et plusieurs associations organisent une commémoration, dépôt de gerbe, suivie d’une conférence débat à la salle Ambroise CROIZAT Rue .E.DOLET 69190 Saint-Fons.

En savoir plus :


Mémoire du 17 octobre 1961 : les témoignages

Jean-Luc Einaudi publie son point de vue sous le titre Octobre 1961, pour la vérité enfin, dans Le Monde du 20 mai 1998. Il conclut ainsi : « Je persiste et signe. En octobre 1961, il y eut à Paris un massacre perpétré par des forces de l’ordre agissant sous les ordres de Maurice Papon. » En juillet 1998, Papon attaque Einaudi en diffamation et lui réclame un million de francs à titre de dommages et intérêts.
 

Edition du journal de France 3 du 18/02/2007 au bout de 2'15" images d'archives 


Bibliographie:

Ratonnades à Paris de Paulette Péju  
La Bataille de Paris; 17 octobre 1961 de J.L Einaudi Le seuil 2001
Un crime d'Etat à Paris ouvrage collectif sous la direction d'Olivier Le Cour Grandmaison Edition la dispute 2001
A propos d'octobre, état des connaissances, ouvrage collectif Edition Au nom de la mémoire.

Meurtres pour mémoire  de Didier Daenincks (1984) Roman Policier 

 
Documentaires: 

Octobre à Paris   de Jacques Panigel 
Le Silence du Fleuve :17 octobre 1961 d'Agnès Denis et Medhi Lallaoui 1991
Une journée portée disparue de Philip Brooks et Alan Hayling 1992

17 octobre 1961 dissimulation d'un massacre  de Daniel Kupfesrtein 2000

Films de fictions :

 La nuit Noire de P.Rothman Canal + en 2005

 

Publié dans Histoire

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