A l'Est, il y 20 ans, en plein hiver, Printemps des peuples, s'ouvraient les chemins de la liberté

Publié le par Le P'tit Démocrate de Chambéry








“Etre sur la terre libre parmi un peuple libre! A l'instant qui passe je pourrais dire alors : arrête-toi tu est si beau“

GOETHE

L'Allemagne avait encore une fois, rendez-vous avec son histoire, un 9 novembre: en 1918 ce fût l'abdication du Keiser, le putsch d'Hitler en 1923, la nuit de cristal en 1938
Le 9 novembre 1989, sous les coups de butoirs pacifiques du peuple de la RDA, le conseil des ministres décidait l'ouverture des frontières. La résistance et l'énergie des allemands de l'Est ouvraient la brèche du mur de Berlin et faisaient tomber le mur de l'Est, en envoyant un signal fort aux autres peuples de cette partie, oubliée de l'Europe.


Symbole de la politique de l'Abgrenzung, (séparation des deux allemagnes) le mur s'étendait sur 1400 kilomètres de fil barbelé, de grillages métalliques avec système d'alarme électrique, champs de mines et dispositifs de tirs automatiques, longé par des Vopos et des chiens de patrouille.

Bilan : 173 morts jusqu'en 1961 (construction du mur) et 80 morts après. Exode de 3.000.000 de personnes depuis 1945, (300.000 pour le seul mois de juin lors du soulèvement populaire de Berli-Est en  1953).

Rappelons que le Mur qui était  la représentation même du partage du monde en deux camps, (représentation contestable) appelé communément “mur de la honte “ était  considéré par les autorités est-allemandes comme celui “de la paix“.

le 2 mai 1989 la Hongrie avait décidé de démanteler le “rideau de fer“ à la frontière austro-hongroise.

Le 9 octobre 1989, Egon Krenz, membre du bureau politique chargé de la sécurité avait annulé l'ordre de E.Honecker, secrétaire général du Pari Communiste, qui voulait et prônait “une solution à la chinoise“, allusion à l'écrasement dans le sang du “printemps de Pékin“ en juin 1989, et dont le même Egon Krenz avait été un des rares dirigeants étrangers à adresser un message, aux autorités chinoises, les félicitant pour leur fermeté.Il deviendra 1 mois plus tard le nouveau secrétaire général du PC de RDA.

-4 novembre : plus d'un millions de personnes manifestent à Berlin Des nuits d'allégresses et des weekend de liesse populaire allaient déferlées de l'est vers l'ouest.











“Nous sommes le peuple..on n'a pas besoin de parti..mais le parti a besoin de nous“

Le printemps (Juin 1989) de Pékin leur avait montré la voie, l'effondrement des frontières durant ces dernières semaines de l'année 1989, allaient déployés au grand jour l'échec de l'ordre politique et économique, des pays de l'est, ou le soit disant socialisme n'avait la couleur que de l'autoritarisme quand ce ne fût pas du totalistarisme.

Sous la poussée tectonique des peuples, les frontières-dominos, basculaient et s'écroulaient laissant l'énergie populaire abattre les régimes et les tyrans.


-12 novembre 1989 Dolores Ibarruri dit “La pasionaria" figure de la résistance communiste contre le franquisme et l'auteur de “ no pasaran“ et « Mieux vaut mourir debout que de vivre à genoux » stalinienne notoire ne résista semble t-il pas à la chute du mur et meurt à l'âge de 93 ans.


-le 25 et 26 novembre 1989 : PRAGUE se libérait
Du haut d'un balcon de la place Venceslas , Vaclav Havel proclame
“ Nous voulons la liberté, nous voulons, les élections libres, nous voulons le pluralisme“

- du 20 au 26 décembre la Roumanie allait connaître à son tour une révolution de son crû, le tyran Ceausescu étant jugé et abattu en catimini. Cioran déclarait “ Par une politique habile et entièrement fondée sur le calcul, Ceausescu avait même réussi à abuser les intellectuels...quand un peuple crève de faim, il sacralise sa culture, il ne la possède pas: elle continue alors de l'asservir par des procédés illusoires“

Cioran était un des rares visiteurs de Samuel Beckett qui nous quittait dans la même semaine (22 décembre 1989) " Puisque ça se joue comme ça...jouons ça comme ça..et n'en parlons plus..ne parlons plus. Vieux linge! toi je te garde“ Fin de Partie.

-5 Décembre 1989 MC.Stirbois (FN) était élu député de Dreux. 50% des électeurs du FN déclaraient craindre l'unification allemande

-Le  3 octobre 1990 l'Allemagne était unie

En octobre 1990 un allemand de l'est déclarait :
“ On nous a volé note révolution.Le régime est tombé en novembre 89. C'étaient les jours les plus forts de ma vie. Des manifestations de 300.000 personnes; Toutes les femmes de Berlin étaient aux fenêtres et tenaient leurs enfants. le peuple était le plus fort. Nous avons renversé le Mur à main nues. Soudain les allemands de l'ouest sont arrivés; Ils ont d'abord donné un billet de 100 deutschmarks à chacun. Puis, quand le peuple  a mordu à l'hameçon, ils ont mis le paquet sur la table. Un mark-ouest pour un mark-Est.Cinq fois mieux qu'au marché noir. Qui résiste à ça ? En trois mois nous avons été annexés.Que reste -t-il de la RDA, un seul paragraphe d'une seule loi, et encore à titre provisoire, autorisant l'avortement pendant deux ans; Rien d'autre. Fini les transports, les loyers quasi gratuits. Terminés, les crèches, les congés maternités d'un an ; Fermées les dizaines de maisons de la culture, oublié le fauteuil d'Opéra au prix du ticket de cinéma. Nous avons détruit le Mur, mais ce qui nous attend, c'est un  autre mur, le vôtre, celui de la consommation et de l'argent “









Tous ces événements allaient clore le XX ème siècle, commencé le 1er août 1914 et caractérisé par ce que Julien Benda avait qualifié de “Trahison des clercs“.
Cette situation inespérée, allait procurer au capitalisme, outre une grande jouissance (victoire idéologique), un formidable nouveau départ, grâce à sa capacité remarquable de créativité, de plasticité et d'adaptation, pour casser les protections sociales des peuples, et imposer sans frein et sans résistance un ordre nouveau d'exploitation du monde et des hommes.

Ainsi on allait passer en 20 ans,  avec la complicité des grands partis communistes, socialistes, sociaux démocrates, des pays Européens, de la Perestroika, de la Glasnost, de la démocratie nouvellement expérimentée......à la Profitazion

Olivier BERARDI
directeur de publication

 

Publié dans Histoire

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