1er mai 2009 à Chambéry

Publié le par CHAMBERY DEMOCRATE ET CITOYENNE

« Nous sommes plus nus qu’au moment de notre naissance
Notre vie peut être écrasée aussi facilement qu’une fourmi par une armée
Mais dans ce temps nous ne pourrions pas être écrasé pas même par
le poids du continent sur lequel marche cette armée
Nous n’avons la connaissance de ce que nous sommes et disons : je ne peux pas renoncer au nom “d’humain“ »

Eduard BOND 1934- Poète et dramaturge Anglais





Autour de 8.000 personnes se sont aujourd'hui rassemblées à Chambéry dans une manifestation unitaire. 



 

Historiquement le 1er mai, que ce soit au Etats Unis ou en France, les deux pays “fondateurs“ de cette date, était un jour de protestation dans le but de réduire la journée de travail à 8 heures. Est-ce simplement de l’histoire ancienne ?

Je ne le crois pas, souvenons-nous que pendant la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy en 2006-2007 a axé son discours central sur la notion de Travail et du temps de travail.Son slogan “Travailler plus pour gagner plus“ depuis 3 ans, n’a toujours pas été contré, ni par les syndicats, ni par les partis politiques de “gauche“, à la hauteur de sa frappe, et depuis les bleus, les échimoses, défigurent et démembrent le corps social.

Aucun “concept“ nouveau, aucun argument fort, même au niveau de la communication aucun slogan, d’un niveau national n’a été émis à ce jour, proposant soit une critique, soit une alternative à cette affirmation aberrante.

L’armada législative qui s’est abattue sur la France depuis, est sans précédent dans l’histoire de notre pays. Il serait indécent, un jour chômé d’en faire la liste. Mais nous savons tous que le droit du travail, les acquis sociaux, les remises en causes généralisées des droits des travailleurs ont subi une attaque massive ,systématique et accélérée depuis 2 ans.


 





-Hier encore nous apprenions qu’IKEA, non content d’avoir réussi à faire ouvrir ces magasins le dimanche, voulait les ouvrir le 1er mai.
-Qui proteste quand un cadre à proposé de donner 50.000 € à qui l'embauchera ?
-Qui proteste quand un homme se propose à la vente sur (Ebay), sur le parvis de la Défense, comme au pilori du travail, et qu’un ministre (Hirsch) s’est déplacé et l’a embauché en saluant “l’originalité de son action“ ?
-Qui protestera demain quand on proposera de travailler aussi la nuit, après sa journée de travail ? 
-Qui a protesté quand ce même Mr Hirsh a proposé d’entériner le statut des plus de 4.000 compagnons d’Emmanaüs, certes qui n’en avaient pas, mais qui “grâce “l’amendement 8 au projet de loi sur le Revenu de solidarité active, a figé leurs conditions dans un statut “innovant et original “.
Les compagnons d’Emmanaüs, sont logés, nourris, et reçoivent une allocation, en contrepartie, ils assurent l’accueil et la logistique des centres d’hébergement d’urgence et accueils de jour de l’association, ainsi que diverses opérations ponctuelles.

Leur travail n’est pas rémunéré !

-Le mouvement Emmanaüs, refuse à ces compagnons le droit au RMI et au Rsa, maintenant cette population dans un état de grande dépendance vis-à-vis d’une «communauté» qui leur assure le gîte, le couvert… et l’argent de poche ?

Est-ce le futur modèle salarial de demain ? C'est mieux que rien ! entend-t-on !

“Contre le geste charitable il n'existe pas de parade à ma connaissance .On penche la tête, on tend ses mains toutes tremblantes et emmêlées et on dit merci, merci madame, merci monsieur, merci ma bonne dame. A qui n'a rien il est interdit de ne pas aimer la merde “ Samuel Beckett Molloy

Dans l'espace public la politique de la charité n'est pas acceptable, nos anciens ont conquis pour nous une politique de la Justice.


Tous ces exemples, comme avec le taux de chômage (17%), le sous-emploi, la précarité, (9%) la paupérisation de la première tranche de la classe moyenne, servent certes à saper la revendication du pouvoir d'achat, en constituant une menace pour les salariés, mais aussi et cela n’est jamais évoqué, cela permet de maintenir une “convention d’obeïssance“, signale fort et épée de Damoclés au-dessus de l’ensemble des salariés pour les garder sages et dociles.













Il y avait des partis politiques, PCF, Verts, PS, CNT, NPA... un Sénateur (Thierry REPENTIN)



et même deux "modems“... ..un peu égarés.

La gifle que prends de plein fouet, le monde ouvrier, les salariés, les professions “intellectuels“, l’ensemble des travailleurs, c’est transformé en véritable K.O.

Le problème c’est qu’il n’y a plus d’arbitre sur le ring et que cet espace de combat s’est transformé en champ de bataille.

C’est la guerre économique nous dit-on depuis des années, il faut donc bien qu’existe une guerre sociale, où les exclus endossent le rôle des gueules cassées, des anciens combattants. Quelle drôle de philosophie qui ne créer de la performance, de l'excellence qu'en excluant un tiers un quart de la population (Education nationale, marché du travail..)

C’est cette situation qui laisse présager des temps sombres.

On comprends mieux dés lors les temps forts de notre histoires, où l’homme de la deuxième moitié du XX siècle s’étonnait toujours, des nuits de brûlis et de piques inter minables, abominables des journées révolutionnaires. Tous les 200 ans ?  finalement c’est pas cher payé. On purge et ça recommence. Le cycle de la vie en somme.

Vous avez dit civilisation ?


« Chacun a le droit de travailler et le droit d’obtenir un emploi. Nul ne peut être lésé, dans son travail ou son emploi, en raison de ses origines, de ses opinions ou de ses croyances. »

Préambule de la constitution du 27 octobre 1946, intégré dans le préambule de la constitution de 1958



 VIDÉO DU DÉFILÉ 

VIDEO ...ça tourne ..ça tourne !


On fait mine de croire que la lutte des classes, est une chimère ou une incongruité,  mais celle-ci n'a jamais cessée,  elle est un des moteurs de nos sociétés et une dynamique structurante de défense et d'équilibre constant de nos systèmes humains. J'en veux pour preuve que même l'église la reconnaît comme légitime, dans sa doctrine sociale, si elle ne revêt pas de forme violente.(Quadragesimo anno 15 mai 1931)

“La lutte pour la justice sociale  est favorisé par le système socio-politique libéral qui, selon ses principes économiques, renforçait et assurait l'initiative économique des seuls possesseurs de capitaux, mais ne se préoccupait pas suffisamment des droits du travailleur, en affirmant que le travail humain est seulement un instrument de production, et que le capital est le fondement, le facteur et le but de la production.“ (Laborem exercens 1981).


N'y voyez pas de ma part des avances d'un “croyant masquée“, ce que je ne suis absolument pas.
Ces remarques ne sont là que pour ouvrir encore plus le débat sur la question sociale, qui est trop souvent restreinte et caricaturé par l'ignorance et/ ou la mauvaise fois qui, à coup d'étiquette en “isme" transforme ces questionnements en assèchement de la pensée.


Le respect des salariés passe par un salaire décent et des conditions de travail à la hauteur d’une éthique professionnelle. C'est la base de la dignité humaine, dans nos sociétés.

Parce que nous sommes au XXI siècle nous devons affirmer haut et fort le droit à une parole différenciée et alternative pour interroger les critères de décisions auxquelles nous sommes confrontés, et cela dans une démarche transversale et transparente.

Accroître la liberté d’expression des ouvriers, des employés des cadres s’est imposé une meilleure prise en compte de la responsabilité sociale de l’entreprise dans son environnement.

La réappropriation et la responsabilité politique, sociale et économique sont les fondements du rôle de citoyen et doivent être au centre du contrat démocratique, quelque soit la République. 

Les organisations en charge de la défense des salariés, ou les partis politiques traditionnellement “attachés“, du moins dans le discours, à la défense des catégories les plus exposés, sont incapables de penser, de défendre, de construire un projet politique, pour demain, qui traduise la continuité de notre projet de civilisation qui se déploie depuis 2 siècles et qui est le progrès par excellence:

 Nos enfants (-16 ans) ne travaillent pas

Nous travaillons de moins en moins.

 

Nous avons de plus en plus de TEMPS LIBRE, terme que l’on n’ose même plus prononcer de peur de passer pour un dangereux saboteur de l’économie nationale.

Ce temps est bien sûr, l'objet de captation et de volonté de réduction (Consumérisme, absence de politique cohérente entre emploi/transport, exploitation patronale, tyrannie des marchés)

La question qui nous est posé est de savoir ce que nous devons faire de ce temps de plus en plus libéré, et comment les politiques publiques reconnaissent cette aspiration fondamentale, la permettent, l'accompagnent, la catalysent au service de des individus de l'intérêt général et du bien commun.

Des énergies inouïs, des formes sociales innovantes, des intelligences collectives insoupçonnés, des solidarités gigantesques sont en germes dans ce temps libéré.
 

Combien de temps perdu faudra t-il encore, pour prendre enfin le temps de l'homme ?

Olivier BERARDI

 

 

Comme un forçat supplicié, comme un esclave qu’on brime

J’ai grandi nu sous le fouet de la gêne et de l’insulte,

Me battant contre la mort, vivre étant le seul problème…

Quel guetteur têtu je fus des lueurs et des mirages !

La justice viendra sur nos pas triomphants

                                                               Missak Manouchian

 




 

Publié dans Mouvement social

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
C
Philippe<br /> <br /> J'en conviens, glisser abruptement cet exemple des "communautés Emmanaüs“, dans cet argumentaire, étaient en tout cas maladroit de ma part et de plus prête à confusion, voir à polémique... donc merci pour votre remarque.<br /> <br /> Pour ma part j'ai toujours soutenu, les initiatives citoyennes et associatives qui viennent en carence des politiques publiques, surtout quand elles concernent les “cabossés“ de la vie, elles sont des sas, des espaces d'oxygène, ou des “hâvres“, qui permettent à des êtres humains de reprendre un peu pied, avec les autres. <br /> Les "communautés Emmanaüs“ en font partie oh combien !<br /> Mais, comme toute organisation, elle ne sont pas exempt de reproches et de critiques, je ne développerai pas ici, le sujet , à moins de l'aborder un autre jour, mais il y a bien d'autre sujets plus grave à traiter que cela. Je vous renvoie à une recherche éventuelle sur internet .<br /> <br /> Il me semble que plus qu'un statut (salarié ou autre) ce sont les conditions de travail, d'existence, de dignité qui doivent d'être posé, car c'est elles qui permettent d'accéder à la citoyenneté, pour tout le monde d'ailleurs.<br /> <br /> Il ne vous a pas échappé qu'un parallèle existe entre la machine à exclure ( Jeunes, et prés de 30% des 48-55 ans et 70% des plus de 55% sont hors du monde du travail ) que génère notre système, et les réseaux associatifs "caritatifs‘, nullement responsables de cette situation, mais qui compte tenu de l'ampleur du phénomène, de fait “servent“, de “modèle “ palliatif“ .....alternatif ?<br /> L'ensemble de cette dynamique, plus ne l'oublions, unes des dimensions contenues dans les images et le discours construit sur 'tous ceux qui tombent ‘ sur cette paupérisation et cette misère, cultive, entretien la peur en direction de ceux qui ne sont pas encore touchés.<br /> <br /> C'est cela que je voulais souligner.<br /> <br /> A lire si vous ne le connaissez déjà: Patrick Declerck
Répondre
V
Tout d'abord, un trés grand coup de chapeau pour la réactivité, la lucidité, la qualité de l'info et de la présentation de ce super blog qui nous informr autant qu'il nous savonne les méninges !<br /> Mais rapidité, réactivité, indignation sont à la fois salutaires mais parfois mauvaises conseillères ! et notament quand vous commencez à glisser sur l'amalgame entre salariat et programme inspiré de reconstruction de la dignité humaine de ceux que l'Abbé Pierre apelait les cabossés de la vie" Ceux qu'accueillent les communautés Emmaüs ont été cassé par la vie et sont le plus souvent affaibl par l'alcool ou la droque ! Le salariat classique que vous pensez indispensable pour eux serait le + souvent l'occasion de retomber dans les addictions qui les diminuent ! Leur fierté retrouvée, quand ils s'en sorte c'est de faire vivre ensemble par leur travail , un groupe qui ne demande pas d'argent public et qui se développe grace à eux seuls ! les extraits repris ci dessous me semblent déplacés et inutilements polémiques !<br /> Mais restez en éveil et Merci <br /> <br /> Philippe Vachette<br /> les compagnons d’Emmanaüs, sont logés, nourris, et reçoivent une allocation, en contrepartie, ils assurent l’accueil et la logistique des centres d’hébergement d’urgence et accueils de jour de l’association, ainsi que diverses opérations ponctuelles.<br /> Leur travail n’est pas rémunéré !<br /> <br /> -Le mouvement Emmanaüs, refuse à ces compagnons le droit au RMI et au Rsa, maintenant cette population dans un état de grande dépendance vis-à-vis d’une «communauté» qui leur assure le gîte, le couvert… et l’argent de poche ?<br /> <br /> Est-ce le futur modèle salarial de demain ? C'est mieux que rien ! entend-t-on !
Répondre
A
Bonjour,<br /> <br /> Super 1er Mai 09 En Rouge & Noir à Chambéry<br /> <br /> çA Phot ' Aux Yeux ...!<br /> <br /> A+ de vous relire , Sincère Salutations ..<br /> <br /> Abraham Soubrie
Répondre
I
Convalaria majalis, c'est le joli nom du muguet!<br /> Cette année, je n'ai pas acheté ce petit brin porte-bonheur.<br /> J'ai trop souvent vendu mes services pour une bouchée de pain.<br /> ça m'a usé, et je suis décidée au bord de la cinquantaine à ne me vendre, à l'avenir, que pour des bonnes causes, avec ou sans manifs.
Répondre